Mini cours de Parentalité Positive… par Isabelle Filliozat et Les Supers ParentsPARTIE 2

« Ma fille de 20 mois sʼendort sans problème, mais dès que je suis là cʼest impossible, que faire? »

Avant de « faire » et « vouloir faire », il faut comprendre ce qui se passe.

Pourquoi sʼendort-t-elle plus facilement avec dʼautres personnes? Pourquoi lʼenfant nʼarrive pas à sʼendormir quand ses parents ne sont pas là ? … Parce que ces personnes sont (ou ne sont pas) « la figure dʼattachement » de l'enfant.

La théorie de lʼattachement (extrait de « lʼenfance pas à pas » - Arte 2006)

Isabelle Filliozat nous présente les travaux de John Bowlby sur la figure dʼattachement :

En étant le premier visage vu par les petits canetons, Jon Bowlby est devenu leur figure dʼattachement, la personne avec qui ils se sentent en sécurité… et qu’ils suivent partout !

Il appelle ce phénomène : l’empreinte.

Lʼattachement c’est lʼéquivalent pour les humains de « lʼempreinte » chez lʼanimal. Sauf que contrairement à lʼempreinte qui est immédiate chez lʼanimal, le lien dʼattachement à la figure dʼattachement principale met 9 mois à se construire.

La figure dʼattachement principale

La figure dʼattachement principale est la personne qui va sʼoccuper de lʼenfant en priorité et de façon privilégiée et qui va lui permettre de grandir, de construire son intelligence sociale, émotionnelle et intellectuelle ainsi qu’un sentiment de sécurité… le plus souvent la maman.

Et plus la figure dʼattachement nourrit ce lien et remplit le « réservoir affectif » de lʼenfant, plus cela l’aide à développer ses compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles. Plus on nourrit l’attachement et plus le cerveau se développe.

Le comportement de lʼenfant avec la figure dʼattachement

Alors comment comprendre que cette petite fille nʼarrive pas à sʼendormir facilement en présence de sa figure dʼattachement ?

Lʼenfant se nourrit de la présence de sa figure dʼattachement, et profite au maximum de sa présence pour remplir son réservoir affectif. Sauf que parfois on est trop occupé pour se permettre d’offrir ce temps de présence et de lien nécessaires à remplir le réservoir affectif de notre enfant.

On peut regarder tous les comportements de l’enfant sous le prisme du besoin et de l’attachement. En tout cas, ce nʼest JAMAIS une intention délibérée de lʼenfant de nous embêter.

Alors parfois, il peut être très dur pour lʼenfant de sʼendormir sans cette figure dʼattachement, car le besoin de lʼenfant est de se ressourcer, de se rassasier en confiance, en amour inconditionnel, en sécurité avant de lâcher prise et accepter cette séparation quʼest le sommeil.

Et parfois, cʼest lʼinverse ! Lʼenfant va avoir des comportements excessifs avec sa maman et être très coopératif avec son papa qui va peut-être penser ou dire : « Tu ne sais vraiment pas y faire ! ». Cette différence de comportement entre les deux parents peut amener la maman à douter de ses compétences alors qu’en réalité c’est justement parce quʼelle est la personne en qui il a le plus confiance et avec qui il se sent parfaitement en sécurité, qu’il peut s’autoriser à décharger ses émotions et à exprimer ce qui se passe à l’intérieur de lui.

Lorsque c’est le papa qui reste à la maison c’est au papa que l’enfant montre tous les pleurs. Mais, même si c’est en train de changer et que les papas ont de plus de plus conscience que leurs enfants ont besoin d’eux et ont de plus en plus envie d’être au contact de leurs enfants, statistiquement les papas restent 30 minutes de plus au travail quand ils ont un bébé pour éviter le « coup de feu de 18h ».

Isabelle Filliozat donne deux exemples pour illustrer ce rapport à la figure dʼattachement :

- Un enfant a été à la crèche toute la journée. A la crèche c’est un peu difficile, il y a d’autres enfants, du bruit, des tensions … Il s’est montré très gentil toute la journée. La dame de la crèche annonce à la maman que l’enfant a été un vrai petit ange toute la journée mais au bout de 3 minutes le petit ange se transforme en démon ! Et la maman se dit « Pourquoi est-il un ange avec les autres et si difficile avec moi ? »

En fait l’enfant a accumulé des tensions toute la journée, au moment des retrouvailles il est plein d’émotions refoulées et de stress et explose auprès de sa figure dʼattachement avec laquelle il retrouve un sentiment de pleine sécurité. Il décharge son stress sur la personne dont il se sait aimé inconditionnellement et en laquelle il a le plus confiance…

Le comportement de l’enfant est un message qui dit « Maman aide moi, je suis stressé à l’intérieur ! », « Maman aide moi, j’ai de la colère en moi ! Je ne sais pas quoi en faire ! », « Maman j’ai eu peur aujourd’hui et je ne sais pas quoi faire avec cette peur ! ». Et on a besoin, nous les adultes, d’apprendre à décoder ce langage là et les émotions de nos enfants.

- Parfois quand le papa rentre du travail le soir, il commence à jouer à la bagarre avec lʼenfant et évidemment au bout de quelques minutes lʼenfant sʼénerve, pleure… et ils arrêtent le jeu.

Cʼest pourtant une bonne chose. En jouant avec lʼenfant, le papa remplit le réservoir d’attachement de lʼenfant. C’est comme s’il lui disait : « Je suis là pour toi, je t’aime, tu peux me faire confiance ». L’enfant se sent alors en confiance, en sécurité et s’autorise à décharger le stress de sa journée. Alors, lorsque l’enfant se met à pleurer ou à être furieux en plein milieu d’un jeu, continuons le jeu en restant à l’écoute des sentiments et des besoins de lʼenfant et accueillons cette décharge pour ce qu’elle est.

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